Le fonctionnalisme dans le design et l'architecture
Au lendemain de la première Guerre Mondiale, dans une société en pleine reconstruction , apparaît un mouvement anhistorique et novateur dans le design qui place « le dénuement au profit de l’utilité » au centre de sa production. Scandaleusement en rupture avec les créations jusqu’alors en vogue, cette pensée fait écho à un mouvement né outre-Atlantique, le fonctionnalisme de l’école de Chicago(1871-1922). L’architecte américain Louis Sullivan (1856-1924) en posera les bases avec sa célèbre citation « form follows function » soit l’affirmation que toute forme devrait découler de la fonction qu’elle porte. Sullivan soutient une architecture dépouillée de tout superflu en réduisant des édifices à des jeux de masses et de proportions. En Europe, l’autrichien Adolf Loos (1870-1933) lui emboîte le pas avec son manifeste « Ornement et Crime »(1908) qu’il illustre avec sa « Loos-Haus »(1910). La décoration, assume-t-il, engendre la laideur. La beauté sera donc issue de l’utilisation des matériaux et non pas de la fioriture illégitime.
C’est dans ce contexte et avec l’influence constructiviste que le Bauhaus de Dessau(1919-1932) se positionne comme tête de file d’une nouvelle appréhension du design qui prône l’idée d’une création nécessaire et neutre, en décalage avec l’idéologie initiale du premier directeur, Walter Gropius(1883-1969) à Weimar, basée sur un dialogue entre artisanat et industrie. Ce tournant est amorcé avec l’arrivée en 1927 d’Hannes Meyer à la direction de l’école qui privilégie une approche scientifique de la forme.
Si ce concept trouve sa place dans l’époque, c’est que la révolution industrielle initiée à la fin du XIXème siècle a permis la création sérielle d’objets induisant un changement radical dans la manière de les penser. Pour une large diffusion des objets, la rationalisation s’impose(soit l’organisation d’une activité pour la rendre la plus rentable possible).