Le cris d'antigone
Antigone est un personnage fort de la tragédie, universel dans son refus de l'injustice. C'est pourquoi cette œuvre a connu tant d'adaptations. Cependant, l'Antigone de Bauchau est bien différente de celle de Sophocle. Si le personnage reste le même, l'histoire ne commence pas au même moment.
En effet, si Sophocle fait se focaliser le récit sur l'opposition d'Antigone à Créon, Bauchau, lui, préfère se focaliser sur le combat d'Antigone contre l'injustice dans une Thèbes plus riche, plus peuplée mais, surtout plus sourde aux cris de détresse des pauvre et des affamés. Et, ce sera à Antigone que reviendra le rôle de faire entendre leurs voix, avec un cri de détresse et de colère qui ébranlera la tranquille surdité de ceux qui préfèrent détourner le regard et ne pas affronter la misère en face.
C'est dans un décor minimaliste, une simple estrade, dont elle ne descendra que lors de son jugement pour prendre à parti le public, qu'Antigone évoluera avec ses seuls mots et sentiments, qu'elle meublera la scène. Ce n'est seulement que par transparence que l'on verra le chanteur Salah Gaoua ; dont les chants poignants accompagnent le perpétuel cri d'Antigone, variants d'intensité pour accompagner, tout en subtilité, les sentiments poignants provoqués par cette pièce. Bien que très courte, à peine plus d'une heure, cette pièce est riche en émotions d'une rare intensité, renforcées par les jeux de lumière et de voilages qui donnent à la scène un aspect lumineux, voire parfois oppressant.
Dans cette pièce, Antigone fait entendre sa voie, son cri mais, pas seulement le sien ; celui de tous ceux qui soufrent mais, dont la voix est trop faible pour déchirer le voile de l'injustice dans le quel Thèbes se drape avec fierté et indifférence. C'est pour eux qu'Antigone se remet à mendier et à pousser son fameux cri de