Le corps et l'ordre politique
L’idée de nature humaine renvoi aujourd’hui à tous les assujettissements, toutes les inégalités dont la démocratie s’efforce de nous libérer. Ainsi, l’idée de nature féminine renvoie à l’idée que l’homme est naturellement dominant dans le couple : c’est le chef de famille. De fait, il semble que le désir démocratique se situe en opposition à l’idée d’une nature humaine. Cette vision de la modernité s’illustre dans la citation de Simone de Beauvoir (Le Deuxième Sexe) : « On ne naît pas femme, on le devient » : l’identité féminine n’est pas un fait de nature mais un fait de culture. L’esprit de la démocratie contemporaine est de voir la ressemblance entre les êtres humains : tout autre est mon « semblable » : c’est le cœur de la conscience démocratique. Il faut au XVIIIème siècle imposer une égalité naturelle face à l’égalité sociale : Déclaration des Droits de l’Homme ou encore les théories de l’état de Nature : l’Homme dispose de droits naturels.
Chez les Grecs, la nature et la philosophie sont en relation : le nomos, ce sont les règles changeantes que posent les hommes et les dieux tandis que la phusis est la nature : ce qui ne change pas. C’est pourquoi Aristote affirme que l’homme est un animal politique : il est naturellement appelé à vivre en cité. Le développement de la philosophie est lié à l’apparition d’une vie civique qui suppose une place publique (l’image de Socrate qui déambule dans les rues questionnant les passants) : dès lors, l’homme est amené à vivre en cité puisque c’est seulement ainsi qu’il peut s’accomplir par la réflexion. Si la relation entre philosophie et nature est fait de complicité, elle est aussi faite d’hostilité : tandis que la cité est particulière (différente des autres), le philosophe ne s’intéresse qu’à l’universel : il y a une contradiction : l’homme accomplit sa vocation universelle dans une cité particulière : Socrate a été tué, Aristote a dû quitter Athènes.
La nature d’Aristote nous