Le complexe d'electre
Le nombre de relations amoureuses, réelles ou imaginaires, entre de très jeunes femmes et des hommes nettement plus âgés, a poussé les fondateurs de la psychanalyse Sigmund Freud et C. G. Jung, au début du siècle dernier, à se pencher sur ce phénomène d’un point de vue féminin.
Cette tendance compulsive amenant la fille à se tourner vers le père ou une image paternelle, conséquence du complexe de castration pré-pubataire féminin, fut décrit pour la première fois par Jung sous le nom de « complexe d’Electre ». Il établissait alors sciemment une analogie avec le complexe d’Œdipe freudien.
Durant cette phase, la fillette s’oriente vers le père et rivalise avec sa mère, à l’image du garçon amoureux de sa mère et rival du père pendant le complexe œdipien. Le complexe d’Electre n’est alors résolu qu’à partir du moment où la fixation érotique sur le père est repoussée par le processus d’identification à la mère. Une résolution incomplète de ce complexe peut amener plus tard à un comportement névrotique. La mise en parallèle des complexes d’Electre et d’Œudipe est flagrante. A l’instar de Freud, Jung a choisi un personnage de la mythologie grecque pour illustrer ce phénomène.
Electre est la fille du roi des Mycènes Agamemnon. Alors que ce dernier revient de la guerre de Troyes, il est assassiné par sa femme Clytemnestre et son amant. Inconsolable, la fille se recueille sur la tombe de son père et aide son frère Oreste à organiser l’assassinat de leur mère. Le mythe d’Electre est l’unique thème tragique grecque traité dans trois oeuvres de grands dramaturges antiques (Achille, Sophocle et Euripide).
Dans « Trois essais sur la sexualité » (1905), Freud rejette le terme de « complexe d’Electre » pour définir cette problématique. Il développe alors un thèse provocante selon laquelle le complexe de castration féminin amènerait à une reconnaissance de la supériorité masculine. Cette théorie est aujourd’hui bien évidemment vivement contestée