Le cid - analyse de texte
« C’est peu de dire aimer, Elvire, je l’adore ;
Ma passion s’oppose à mon ressentiment ;
Dedans mon ennemi je trouve mon amant ;
Et je sens qu’en dépit de toute ma colère,
Rodrigue dans mon cœur combat encor mon père.
Il l’attaque, il le presse, il cède, il se défend,
Tantôt fort, tantôt faible, et tantôt triomphant :
Mais en ce dur combat de colère et de flamme,
Il déchire mon cœur sans partager mon âme ;
Et quoi que mon amour ait sur moi de pouvoir,
Je ne consulte point pour suivre mon devoir ;
Je cours sans balancer où mon honneur m’oblige.
Rodrigue m’est bien cher, son intérêt m’afflige ;
Mon cœur prend son parti ; mais, malgré son effort,
Je sais ce que je suis, et que mon père est mort. »
Le Cid est une tragi-comédie écrite par Pierre Corneille, dont la première parution au théâtre eut lieu en décembre 1936. Corneille est un célèbre dramaturge français du XVIIème siècle. Il traversa à la fois la période baroque et le début du classicisme. Il est connu principalement pour ses tragédies mais également pour ses nombreuses comédies. Le passage que nous allons analyser se situe dans Le Cid, à la scène III du troisième acte. Il s’agit d’une tirade de Chimène où elle tente d’exprimer les sentiments contradictoires qu’elle éprouve pour Rodrigue ; à la fois de l’amour et du ressentiment. Dans la scène précédente, Don Sanche, épris de Chimène, se propose pour affronter Rodrigue en duel afin de venger le père de celle-ci. Or Chimène espère secrètement que Rodrigue sortira vainqueur du combat. Pour analyser cet extrait, nous procéderons en deux temps. Premièrement, nous nous intéresserons à l’antinomie entre amour et ressentiment. Par la suite, nous remarquerons l’évolution au cours des stances, passant de la confusion à l’ordre.
Tout d’abord, il est important de souligner l’opposition constante entre amour et ressentiment. Tout au long des stances, ces deux thèmes se heurtent successivement de plusieurs manières.