Le chat
«
V iens, mon beau chat, sur mon cœ ur amoureux
;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse
-
moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de mé tal et d’agate.
»
Le chat commence par un impératif. Le poète appelle son chat, mais le chat ne va pas s’asseoir sur ses genoux, mais sur son
«
cœ ur amoureux
». La deuxième phrase est un impératif aus si. L’écrivain commande au chat de retenir ses griffes. Là déjà Baude laire 12 évoque le contraste entre la beauté de l’animal et le danger de la même bête. Le poème continue avec un troisième impératif. Le poète demande au chat de lui laisse r s’enfoncer dans ses jolis yeux
, où se m êlent l’opacité métallique avec la transparence blanche et brill ante.
Dans la se conde strophe Baudelaire décrit une sensation tactile.
Quand il caresse la tête et le dos souples et gracieux de l’animal, un enivrement de plaisir, dû à l’effleurement du chat, le comble.
«
Lorsque mes doigts caressen t à loisir
Ta tête et ton dos élastique Et que ma main s’enivre du plaisir De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit.
»
C’est la contemplation du chat
,
qui permet au poète de penser et de rêver de sa femme aimée. L e frôlement de l’animal renforce l’ association entre la bête et la femme. L e poète compare le regard de l’animal à celui de la femme. La strophe initiale est donc liée à la troisième, les deux parlant des côtés opposants des yeux, des regards. On a la chaleur mêlée d’une froideur troublante
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; on a la beauté, mais à la fois le danger tou jours présent. D’autre part il y a une comparaison entre les griffes et le dard, qui « coupe et fend
».
Dans l a dernière strophe l’olfaction complète l’image de la femme.
«
Et des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum,
Nagent
autour de son corps brun.
»
Le chat, ou la chatte, est une comparaison
. Le chat est aussi une métaphore dans ce poème sensuel.
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