Le ch ur dans dipe Roi
La structure formelle de la tragédie
(..) Si on considère l'étendue de la tragédie et les divisions séparées en lesquelles elle se partage, les parties sont les suivantes : le prologue, l'épisode, l'exode et le chant du chœur, celui-ci se divisant à son tour en parodos et stasimon ; ces parties sont communes à toutes les tragédies tandis que les chants qui viennent de la scène et les commoi sont particuliers à certaines d'entre elles.
Le prologue est une partie complète de la tragédie qui précède l'arrivée du choeur; l'épisode est une partie complète de la tragédie qui se trouve entre des chants complets du choeur; l'exode est une partie complète de la tragédie qui n'est pas suivie de chants du choeur; parmi les chants du choeur la parados est le premier morceau complet que dit le choeur et le stasimon un chant du choeur qui ne comprend ni vers anapestique ni vers trochaïque (15), le commos est une complainte qui vient à la fois du choeur et de la scène.
Aristote, Poétique, op. cit., 1452 b, pp. 45-46.
Les parties chorales
La structure formelle de la tragédie grecque marque une tension entre ses deux composantes lyrique et dramatique. Pour Jacqueline de Romilly le choeur est un personnage collectif que le statut de spectateur passif rend impuissant, d'où le choix de personnes occupant une place assez marginale dans la cité, femmes ou vieillards :
Il est d'ailleurs bien évident que, dans des tragédies de ce type, le choeur doit être tout à la fois plus intéressé que quiconque à l'issue des événements et pourtant incapable d'y jouer lui-même aucun rôle. Il est, par définition, impuissant. Aussi est-il le plus souvent formé de femmes ou alors de vieillards trop vieux pour aller se battre, trop vieux même pour se défendre...
Jean-Pierre Vernant, dont les analyses relèvent à la fois de la sociologie de la littérature et de ce qu'il appelle une anthropologie historique, considère que cette tension révèle un clivage entre le passé et le présent,