Le but d'une dernière page de roman est-il uniquement de donner urosalie répondit : « eh bien, elle est morte, c'te nuit. ils sont mariés, v'ià la petite. » et elle tendit l'enfan
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Le but d'une dernière page de roman est-il uniquement de donner uRosalie répondit : « Eh bien, elle est morte, c'te nuit. Ils sont mariés, v'Ià la petite. » Et elle tendit l'enfant qu'on ne voyait point dans ses linges. Jeanne la reçut machinalement et elles sortirent de la gare, puis montèrent dans la voiture. Rosalie reprit : « M. Paul viendra dès l'enterrement fini. Demain à la même heure, faut croire. » Jeanne murmura « Paul... » et n'ajouta rien. Le soleil baissait vers l'horizon, inondant de clarté les plaines verdoyantes, tachées de place en place par l'or des colzas en fleur, et par le sang des coquelicots. Une quiétude infinie planait sur la terre tranquille où germaient les sèves. La carriole allait grand train, le paysan claquant de la langue pour exciter son cheval. Et Jeanne regardait droit devant elle en l'air, dans le ciel que coupait, comme des fusées, le vol cintré des hirondelles. Et soudain une tiédeur douce, une chaleur de vie traversant ses robes, gagna ses jambes, pénétra sa chair ; c'était la chaleur du petit être qui dormait sur ses genoux. Alors une émotion infinie l'envahit. Elle découvrit brusquement la figure de l'enfant qu'elle n'avait pas encore vue : la fille de son fils. Et comme la frêle créature, frappée par la lumière vive, ouvrait ses yeux bleus en remuant la bouche, Jeanne se mit à l'embrasser furieusement, la soulevant dans ses bras, la criblant de baisers. Mais Rosalie, contente et bourrue, l'arrêta : « Voyons, voyons, madame Jeanne, finissez ; vous allez la faire crier, » Puis elle ajouta, répondant sans doute à sa propre pensée : « La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit. »
n dénouement à l'histoire