Le bonheur peut til est le but de la politique
Par suite, il paraît bien difficile de dire que le bonheur puisse être le but de la politique, qui désigne toutes les actions et décisions qui concernent la vie de la cité, et s’occupe du bien commun ou de l’intérêt général. Il semble donc que le bonheur soit seulement une affaire privée qui relève du choix de chaque individu, dépend de son intérêt particulier et se mesure à ses sentiments personnels. Le pouvoir politique n’a donc pas à intervenir, puisqu’il assure seulement ce qui concerne le bien commun. Dans ce sens, l’État porterait même atteinte à la liberté des individus et les rendrait plutôt malheureux, s’il prétendait s’occuper de leur bonheur à leur place. Pourtant, mon bonheur personnel ne dépend-il pas du bien commun ? En fait, il paraît difficile de distinguer clairement les deux.
Par ailleurs, on sait bien que tout ce qui relève de la compétence de l’État a finalement pour but d’assurer le bonheur des membres de la société : après tout, quand on mesure le fameux "PIB", ou produit intérieur brut, on suppose que la richesse économique d’un pays est le moyen d’assurer le bonheur de sa population. Au fond, le bonheur est peut-être le but ultime de toute activité politique. Ainsi, le problème est de savoir si le bonheur est une affaire privée dans laquelle l’État n’a pas à intervenir, ou s’il est plutôt du domaine public et exige une intervention de l’État.
PLAN
I. Le bonheur est une affaire privée : l’État ne peut pas intervenir
A. D’abord, le bonheur apparaît comme une notion éminemment subjective : le dictionnaire évoque "l’état de la conscience pleinement satisfaite", et Kant, de "la satisfaction de tous mes penchants". Il s’agit donc d’un sentiment intime, personnel et presque, incommunicable. Ensuite, nous n’avons pas les mêmes goûts, les mêmes préférences ni la même personnalité, si bien que chaque individu ne trouvera pas son bonheur de la même manière que les autres.
B. La politique qui relève du public n’a donc ni le pouvoir