Lac Megantic-Article
Une menace qui touche l’ensemble du pays
Le Devoir, 15 juillet 2013 | Jean-Claude Leclerc
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
Le patron de la MMA, Ed Burkhardt, offre une caricature commode du chef d’entreprise irresponsable. Mais il aura grandi au sein d’un monde corporatif faisant prévaloir des objectifs, non pas de service aux communautés, mais d’enrichissement personnel.
Aucune enquête n’atténuera la peine et la colère d’une population qu’un train de pétrole a précipitée dans une tragédie indicible, la pire de l’histoire du pays. Pourtant, comme d’autres trains dangereux traversent maints villages et quelques villes, il est urgent d’établir les causes d’une telle hécatombe. Mais le Bureau de la sécurité des transports (BST) y parviendra-t-il ? Le deuil de Lac-Mégantic, en effet, n’est pas encore apaisé que déjà d’importants intérêts, la vie des uns et le profit des autres, s’entrechoquent.
Petits et grands transporteurs, autres entreprises liées aux chemins de fer, ministères chargés de la sécurité publique auront - statistiques du BST à l’appui - vite souligné que les accidents ferroviaires sont en baisse au Canada depuis les dernières années, malgré la hausse du trafic des marchandises, y compris de matières dangereuses telles que le pétrole et les produits chimiques. Il faudrait examiner, dit-on, non pas le système de sécurité, mais les pratiques de la compagnie en cause.
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Il ne fait guère de doute que le bilan à cet égard de la Montreal, Maine Atlantic Railway (MMA) et de ses gestionnaires était loin d’être reluisant. Comme les géants du rail, ce transporteur encore modeste aura plus cherché à réduire ses coûts qu’à moderniser ses équipements. Mais, faut-il se demander, qui s’est débarrassé de ces voies délabrées pour aller exploiter ailleurs des marchés plus lucratifs ? Et qui donc s’opposait au relèvement des mesures de sécurité au
Canada ?
Bien avant le 6 juillet à Lac-Mégantic, un convoi pétrolier avait explosé, en