La vieillesse
Au 19e siècle, Victor Hugo, à peine la trentaine, fait dire à Hernani: «Et vieux, on est jaloux, on est méchant, pourquoi? Parce que l’on est vieux». Mais, septuagénaire, ce même Victor Hugo écrira "L’Art d’être grand-père" où il se décrit plein de bonheur face à ses deux petits-enfants: «En me voyant si peu redoutable aux enfants, les hommes sérieux froncent leurs sourcils mornes; un grand-père échappé passant toutes les bornes, c’est moi […] Je ne suis rien qu’un bon vieux sourire entêté».
Bien d’autres écrivains, au fil des siècles, ont exprimé toutes sortes de sentiments – crainte, joie, dégoût, respect – à propos de la vieillesse que, disait Cicéron «tout le monde souhaite atteindre mais qu’on rejette quand on y est».
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Ce paradoxe «résultat [toujours selon Cicéron] de l’insouciance de notre faiblesse d’esprit» existe toujours aujourd’hui. Les écrivains contemporains montrent que nous n’avons guère changé.
Ainsi Jean Dutourd dit-il: «L’inconvénient de vivre longtemps est que la dernière image de soi que le monde ait vue est celle d’un vieillard» ("Dutouriana")
La vieillesse, nous en sommes tous là, on la redoute tout en se félicitant d’une augmentation considérable de l’espérance de vie au cours des dernières décennies.
Ce que l’on redoute, ce sont toutes les pertes (beauté, forces physiques, facultés mentales), mais il y a aussi la peur de la mort.
Ionesco confiait ainsi qu’il avait «toujours été obsédé par la mort. La mort, c’est la condition