Si tu veux bien réfléchir, Socrate, à l'effet visé par la punition du coupable, la réalité elle-même te montrera que les hommes considèrent la vertu comme une chose qui s'acquiert. Personne, en effet, en punissant un coupable, n'a en vue ni ne prend pour mobile le fait même de la faute commise, à moins de s'abandonner comme une bête féroce à une vengeance dénuée de raison : celui qui a souci de punir intelligemment ne frappe pas à cause du passé - car ce qui est fait est fait - mais en prévision de l'avenir, afin que ni le coupable ni les témoins de sa punition ne soient tentés de recommencer. Penser ainsi, c'est penser que la vertu peut s'enseigner, s'il est vrai que le châtiment a pour fin l'intimidation. Platon elle enseigner Platon Ce texte s'insère dans une argumentation plus générale visant à prouver que la vertu s'acquiert. Cela signifie qu'on ne naît pas vertueux ou que la vertu n'est pas innée, mais qu'on devient vertueux ou que la vertu s'apprend, donc s'enseigne (dernier mot de l'extrait). La première phrase du texte pose cette thèse et la dernière la reprend. Le corps du texte a pour but de l'argumenter en l'étayant par un exemple : celui de la justice, plus précisément du châtiment réservé au coupable. L'ensemble se présente donc sous une forme démonstrative : énoncé de la thèse, démonstration, et reprise de la thèse à partir de l'exemple choisi (le châtiment). l Si tu veux bien réfléchir, Socrate, à l'effet visé par la punition du coupable, la réalité elle-même te montrera que les hommes considèrent la vertu comme une chose qui s'acquiert. Personne, en effet, en punissant un coupable, n'a en vue ni ne prend pour mobile le fait même de la faute commise, à moins de s'abandonner comme une bête féroce à une vengeance dénuée de raison : celui qui a souci de punir intelligemment ne frappe pas à cause du passé - car ce qui est fait est fait - mais en prévision de l'avenir, afin que ni le coupable ni les témoins de sa punition ne soient tentés de