La tâche du romancier ne consiste elle qu'à imiter le réel?
Introduction
« Sans personnage, point de roman » (A. Burgess). Différence entre personnage et personne : l’un renvoie à la création littéraire, l’autre au réel. Mais quand le lecteur est plongé dans un roman, il arrive que pour lui les personnages deviennent personnes. Le romancier doit-il, dans la création de ses personnages, imiter le réel ? Peut-il ou doit-il le dépasser ? Peut-il s’en passer ?
I. La tâche du romancier, quand il crée des personnages, peut consister avant tout à imiter et reproduire le réel
1. Le projet de peinture fidèle des hommes et du monde et ses moyens
• Conception dominante dans la deuxième moitié du XIXe siècle, illustrée par trois textes du corpus. Roman « réaliste » comme La Comédie humaine : galerie de personnages qui visent à « faire concurrence à l’état civil ». Par quels moyens ? • Par la description détaillée et réaliste des personnages : physionomie, détails anatomiques, précisions dans la description des vêtements…
©HATIER
• Par l’appui sur des événements et des personnages historiques pour conduire l’intrigue (Vigny, Dumas), sur des faits divers (Le Rouge et le Noir, Madame Bovary) ou sur son propre vécu (Proust, Céline). Il y a des personnages dont les actes et les pensées sont au moins en partie déterminés par la documentation (roman historique, roman réaliste ou naturaliste) ou l’introspection (romans autobiographiques : Jules Vallès). • Par l’insertion dans un milieu et une société – Apogée de cette conception chez les naturalistes : correspond à un projet didactique et idéologique ; imiter la méthode expérimentale, introduire dans la création des personnages les découvertes des lois de l’hérédité. – Zola propose des personnages qui pourraient être ses contemporains, des personnages produits de leur milieu social et familial. – Méthode mise en œuvre : enquête approfondie sur le