» Le corps, en effet, n'est qu'une portion de matière, ayant une forme, et susceptible de recevoir du mouvement. La pensée est radicalement différente, c'est la faculté de concevoir, imaginer, sentir, vouloir. Descartes ne nie pas que -en l'homme- il y ait interaction du corps et de la pensée, et il consacrera même un ouvrage, « Les Passions de l'âme » (1649), à ce qu'on nommerait aujourd'hui biologie des passions. Mais il jette grâce au dualisme les bases de la science moderne, en limitant la physique à l'étude de la matière et de ses propriétés. Il faut se souvenir qu'Aristote considérait l'étude de l'âme comme le couronnement de la physique, et que Pascal aura à batailler contre l'idée que la « nature a horreur du vide », comme si la matière était animée d'intention. v D'autre part, dans l'expérience du « cogito », du « je pense », je prends conscience de moi-même comme pensée. Cela amènera notre auteur à identifier pensée et conscience, ce que contestera, outre Leibniz & Spinoza, Freud. Avec le « je pense donc je suis », Descartes place la conscience, le sujet, à la racine de toute connaissance possible. La conséquence essentielle est le primat de la conscience, et sa différence d'avec la matière. Redonner à l'homme une place dans un univers infini et vide de Dieu, assurer la dignité de la conscience, et jeter les bases de la science moderne, tels sont les objectifs que la métaphysique cartésienne s'est