La structure dramatique de l'assomoire de zola
Nous assistons à l’installation convenable de Gervaise puis à sa décadence. Au début du roman, l’ouvrière rêve d’une vie décente et heureuse et reçoit dans sa boutique, au chapitre 7. Mais dès le retour de Lantier, la situation se dégrade. Sa volonté s’affaiblit et
Gervaise devient victime du déterminisme du milieu, sans oublier la tare de son hérédité en tant que fille de l’ivrogne Macquart.
Dans le premier versant du roman, la vertu de l’économie l’emporte : le profit du travail est accumulé dans un livret de caisse d’épargne. Mais la fête de l’oie marque l’irruption de la dépense. On se laisse aller à la dette et à la paresse, jusqu’au délire de
Coupeau à l’hôpital, dont les postures grotesques évoquent le carnaval, le cirque, la foire populaire ou le bal des Barrières.
Les personnages ne peuvent échapper aux déterminismes sociaux et il est commun de critiquer leur manque de psychologie individuelle. Ils sont les produits types de leur milieu et forment des groupes, comme la noce ou le quartier. Gervaise est le personnage le plus individualisé, tout est vu par elle selon ses sentiments : elle perçoit par exemple l’alambic comme un monstre dangereux. Elle est sensible à l’animation de la forge de Goujet. Du point de vue de l’intervention du narrateur dans le roman,
Zola choisit la focalisation interne, ce qui le distingue de Balzac qui multiplie les interventions du narrateur omniscient, véritable romancier démiurge. Gervaise est au centre du roman. Elle se souvient de scènes vécues et revoit son passé, par exemple le jour où elle boit de l’alcool pour la première fois chez le père Colombe. L’art des contrastes et le regard des autres personnages soulignent sa déchéance. Des retours thématiques expriment son désir de mener une vie petite-bourgeoise, ou bien la peur de l’avenir et de la mort annoncée par le croque-mort, le père Bazouge. C’est autour d’elle que s’organisent et se succèdent les temps forts du