La stratification sociale [...] constitue l'armature de toutes les sociétés. [...] Toute société impose un ordre résultant de hiérarchies complexes et imbriquées, toute société assure une répartition inégale des biens, du pouvoir et des signes exprimant le statut. Les inégalités sont organisées en un agencement spécifique ; elles forment un système, plus ou moins reconnu et plus ou moins accepté ou contesté par les individus, qui détermine le mode de la stratification propre à chacune des sociétés considérées. [...]
Sur l'assise de leurs propriétés partagées, les stratifications sociales se construisent selon des formes diversifiées : systèmes élémentaires d'inégalités dans les sociétés dites primitives ; castes dans les sociétés indiennes et quelques autres ; ordres ou états dans la France d'Ancien Régime ; classes antagonistes dans la société capitaliste de la première révolution industrielle [...].
La stratification s'appréhende toujours sous la forme d'un système complexe de rapports d'inégalité et de relations hiérarchiques ; elle se fonde sur toutes les différenciations qui permettent de les établir. À cet égard, les différences « biologiques » peuvent lui servir de base : ce sont celles qui se manifestent sous l'aspect de l'âge, du sexe, de la parenté, de la race. Elles n'assument cette fonction que dans la mesure où elles sont socialement « traitées », et ne la tiennent pas des seules conditions de nature. [...]
La stratification n'est pas une simple addition de hiérarchies, de pouvoirs, de prestiges. Si elle constitue un système, si elle donne son armature à la société, certains de ses composants doivent être « dominants ». [...]
Ainsi, le cadre unificateur de la stratification change en raison des formes qu'elle a prises : il est religieux dans les sociétés à castes, politique dans celles à ordres (ou états), économique dans celles à classes nettement constituées. Ce qui ne signifie pas que les facteurs