la solitude baudelaire
Un gazetier était un auteur d’articles dans une gazette (cf. Théophraste Renaudot). Appelé ainsi car à l’origine en Italie désignait des petits journaux qu’on achetait avec une « gazetta », petite pièce de monnaie.
Gazetier a des connotations péjoratives (Baudelaire en profite pour régler ses comptes avec la presse). Idem pour les connotations de « philanthrope » un équivalent laïque de celui qui pratique la charité (cf. les sociétés philanthropiques qui donnent bonne conscience aux possédants). Ils veulent contribuer à la régulation de la société et pensent que la solitude est mauvaise, rejoignant en cela la Bible. Dans leur volonté d’édifier, ils adoptent un ton prêcheur. C’est dans le désert que le diable vient tenter Jésus (cf. ici les majuscules à Esprit, Démon : ce sont les entités qui viennent tenter).
Arrêtons nous sur le mot « merveilleusement » : fondé sur mirabilis, signifiant "étonnant", il joue sur le sens moderne et montre la fascination du poète. Baudelaire concède dédaigneusement que la solitude puisse être néfaste aux âmes faibles. L’âme a horreur du vide, elle dupe donc des passions solitaires.
« Chimères » a ici un sens péjoratif. La solitude est donc réservée aux âmes fortes. Dans ce deuxième paragraphe on trouve de nombreux rythmes binaires. La solitude est également condamnée par les antique (cf. Sénèque Lettre à Lucilius : il s’agit d’interdire la solitude aux âmes égarées). Mais Baudelaire ne surestime pas ses forces (cf. Baudelaire de Sartre : celui-ci l’accuse de mauvaise foi, disant qu’il aurait voulu son malheur, naïveté dans ses déplorations : Baudelaire ne supportait pas l’ampleur de sa liberté, la solitude lui fait horreur).