La solitude des mourants

1145 mots 5 pages
En quoi la mort constitue-t-elle un problème sociologique ? Nous mourrons seuls, dit-on, de même que nous vieillissons et que nous souffrons en nous-mêmes, sans que personne ne puisse éprouver à notre place ce qui nous touche. Si cela est partiellement vrai, cela n’empêche pas l’auteur de vouloir montrer en quoi la mort, notamment, rentre dans ce qu’il appelle un processus de civilisation, dont il prolonge l’étude ici.
Dans les sociétés modernes, nous pouvons en effet assister à ces scènes où des personnes âgées sont découvertes de nombreux jours après leur mort, dans un état de décomposition avancé, comme à la suite de la canicule de 2003 en France. Cette solitude des mourants, et des personnes âgées, est du même ordre que cette souffrance que la thérapie médicale cherche à atténuer au niveau technique, mais en ne s’intéressant qu’à nos organes. Or, ce n’est pas seulement un corps qui souffre, mais également la personne dans son ensemble, et dont la souffrance s’accroît, au niveau subjectif, de manquer de relations affectives pour l’accompagner dans cette souffrance.
C’est cette solitude des mourants qui est la conséquence du processus de civilisation, dans les sociétés modernes. Non pas que la mort soit devenue un problème plus aigu aujourd’hui qu’hier. Ici, Elias tient à se démarquer de la position de Philippe Ariès qui, dans son Histoire de la mort en Occident, considère que la mort, dans l’Antiquité ou au moyen-âge, pouvait se vivre plus sereinement et plus paisiblement que de nos jours. L’auteur, au contraire, tient à montrer que la mort a toujours été un problème pour l’être humain. L’homme a peur de la mort, car à l’opposé de l’animal il sait qu’il va mourir, et qu’il ne peut s’empêcher de se représenter cette mort. A l’inverse du tableau idyllique que nous dresse Ariès des temps plus anciens, Elias tient à préciser toute la cruauté et la violence dans la façon de vivre, et donc aussi de mourir, d’autrefois. La vie était peu sûre, plus brève, du fait des

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