La ronde
La nouvelle La ronde, de Jean-Marie Gustave Le Clézio est un récit de genre réaliste, comme le montre le nom de la rue où se déroule l’action principale : « la rue de la Liberté … » (L.2). Elle ressemble à un fait divers banal : en effet, elle raconte un moment de la vie de deux jeunes filles de banlieue : « […] Titi, la plus âgée, qui a des cheveux rouges » et Martine qui « […] a deux ans de moins que Titi » et qui « […] manque de caractère » (L.7-10). Au volant de leurs vélomoteurs, elles ont décidé de voler le sac d’une femme attendant l’autobus.
A mon goût, le rythme du schéma narratif est trop disproportionné : le narrateur fait une description très longue des sentiments et des émotions de Martine à plusieurs moments de l’intrigue : « Martine a senti son cœur qui paniquait » (L. 41-42), «Puis, tout à coup, à nouveau, la peur revient à l’intérieur de Martine, et sa gorge devient sèche »
(L. 137-138). Ce portrait psychologique s’oppose à la narration très rapide du vol et du drame final : « Mais cela ne dure qu’un centième de secondes, et ensuite, il y a ce cri qui résonne dans la rue vide » (L .331-332). Même si cela permet de prolonger le suspens, et d’insister sur la vie de ces jeunes filles, prisonnières d’un monde sans espoir comme dans une « ronde » sans fin, l’intrigue s’étire trop lentement.
Je n’ai pas non plus apprécié la vision noire, pessimiste du monde présenté dans cette nouvelle : un monde, où la communication entre les jeunes et les adultes enfermés dans leur immeuble est coupée ; un monde, où les jeunes n’ont pas d’autre choix que de se lancer des défis, qui ici mènera à un dénouement fatal, pour sortir d’un quotidien banal ; un monde, où tout est joué d’avance, comme le prouve la construction de cette nouvelle. Ainsi, quand le narrateur décrit le camion de déménagement, pendant la ronde des vélomoteurs, il nous prépare à cette fin tragique en réunissant ces deux éléments, pour montrer qu’on ne peut pas lutter contre le