La puissance de l'image
Nous parlons d'ailleurs de «virtuel» pour qualifier le décalage entre la réalité, perçue par les témoins qui se trouvent sur place, et la représentation que nous en obtenons par le truchement de moyens techniques hyper sophistiqués - satellites, etc. Du coup, la question qui se pose consiste à essayer de comprendre le rôle que joue désormais l'image dans notre vie quotidienne.
Est-elle une information objective ? Un reflet fidèle ? Donc un moyen nécessaire pour que nous continuions d'être des citoyens conscients et libres ? Ou est-elle, au contraire, un travestissement, un traficotage d'émotions qui fait de nous des marionnettes aux mains de ses producteurs ?
Et si nous renversions les perspectives d’analyse en n’examinant non pas l'image en tant que telle, mais le «VOIR», l'acte du regard qui, à la fois, rassemble et sépare.
C'est là, sur ce registre, qu'interviennent depuis toujours les systèmes de pouvoir. «Faire croire, c'est faire voir.»
Le faire jusqu'à l'absurde.
Chacun de nous a en mémoire le conte d'Andersen. Toute une cour, tout un peuple font mine de voir l'invisible costume d'un souverain, jusqu'à ce qu'un enfant énonce la vérité : «Le roi est nu.» Cécité d'un groupe et vérité d'un seul, comme par hasard d'un «innocent».
Le voir et le faire voir, dans un premier temps réunis par un aveuglement commun, puis disjoints dans un second par la parole libératrice, sont la preuve irrécusable des méfaits du pouvoir et de ses limites possibles.
La puissance, l'égoïsme et l'orgueil deviennent ainsi les agents d'une fabrique de rêves éveillés, qui travestissent le réel au point de