Le roman le plus célèbre de madame de La Fayette est La Princesse de Clèves, édité anonymement pour la première fois en mars 1678. A la jonction du courant précieux et du courant tragique, il met en avant, à travers les amours malheureuses de la princesse de Clèves, la disjonction entre être et paraître caractéristique de la cour de Louis XIV. Cette œuvre, dont le succès ne s'est jamais démenti, passe pour être le premier véritable roman français et un prototype du roman psychologique. En peignant le malheur des femmes qui ont fait un mauvais mariage, Madame de la Fayette exprime une vision très pessimiste de la condition féminine de la fin du XVIIème siècle. L'héroïne de la Princesse de Clèves est une femme lucide et résistante. Pour ne pas céder à la tentation du duc de Nemours, elle choisit le couvent, afin d'échapper à la jalousie. La sincérité de son personnage et son renoncement au monde suscitèrent une véritable querelle littéraire à l'époque, portée par des détracteurs de l'œuvre qui accusent un manque de vraisemblance.
Mme de Lafayette est en effet l'auteur du roman classique par excellence, car elle rompt avec la tradition du roman-fleuve, elle simplifie l'intrigue (les intrigues secondaires servent à développer l'aspect "véridique et historique" du roman), développe la psychologie des personnages afin d'étudier la nature humaine, d'un point de vue moraliste. Le roman est considéré comme un genre très mineur à cette époque. La plupart sont d'ailleurs publiés anonymement car une personnalité un peu considérée pouvait difficilement s'avouer auteur de romans. La première partie du siècle est caractérisée par des romans très longs et très complexes. À l'âge classique ces romans se transforment en nouvelles. Les intrigues se simplifient considérablement. Elles puisent dans un fond historique assez récent alors que les romans baroques préféraient l'Antiquité. De plus le choix de l’écriture en prose renforce l’idée d’une œuvre classique. Une œuvre classique