la poule rosy
Arnaud Parienty
Alternatives Economiques n° 313 - mai 2012
Les comportements d'épargne sont difficiles à expliquer, car les déterminants sont multiples. Ils vont du niveau de revenus aux inégalités, en passant par l'inflation, les taux d'intérêt et bien d'autres variables. De la même façon, il n'est pas facile de savoir si l'épargne est favorable ou non à la croissance.
1. Consommation et épargne
L'épargne des ménages peut être définie en première approximation comme la différence entre leur revenu disponible et leur consommation. L'Insee distingue une épargne logement (qui consiste par convention en remboursement de crédits immobiliers) et une épargne financière, c'est-à-dire les placements (assurance-vie, fonds d'investissement, dépôts bancaires…).
La décision d'épargner résulte donc en premier lieu d'un arbitrage entre consommation et épargne. Comment les ménages choisissent-ils entre les deux ? Pour John Maynard Keynes, ils dépensent leur revenu courant pour consommer et l'épargne est un résidu. Il ne distingue donc pas de motif d'épargne particulier. Il fait l'hypothèse que la propension à consommer (*) décroît lorsque le revenu s'élève, l'épargne augmente donc en fonction du revenu. Un constat généralement confirmé : un travail de l'Insee montre que 42 % de l'épargne provient des 20 % les plus riches (voir tableau).
Mais ce qui est vrai au niveau individuel ne l'est pas à l'échelle d'une population : les travaux empiriques, en particulier ceux de l'économiste Simon Kuznets, ne montrent pas de hausse de l'épargne lorsque le revenu de la population dans son ensemble progresse. Ainsi, malgré la hausse considérable du revenu au XXe siècle dans divers pays, la propension à consommer ne baisse pas. L'Américain James Duesenberry explique cette stabilité en posant que la propension à consommer est sensible au revenu relatif et non au revenu absolu (*) . Chacun adapte sa consommation à son statut social, qui n'est pas modifié