La pornocratie pontificale
À l'opposé, les mencheviks, pour qui le socialisme devait être atteint de manière progressive et par « étapes », voulaient préparer la révolution démocratique bourgeoise, qui permettrait selon eux l'élévation du niveau de vie des masses, condition nécessaire à une révolution socialiste ultérieure3. Or, la bourgeoisie tenait elle-même à faire alliance avec la monarchie : en effet, la bourgeoisie russe restait hostile à l’expropriation de la grande propriété foncière, et c’est précisément pour cette raison qu'elle était pour un compromis avec la monarchie, sur la base d’une constitution du type prussien.
Déjà à l'époque, Lénine mettait en avant la question agraire comme le problème central de la révolution démocratique en Russie. « Le nœud de la révolution russe, répétait-il, c’est la question agraire. Il faut conclure à la défaite ou à la victoire de la révolution… selon la manière dont on apprécie la situation des masses dans la lutte pour la terre. »
À l’idée de Georgui Plekhanov d’une alliance du prolétariat avec la bourgeoisie libérale, Lénine opposait l’idée d’une alliance du prolétariat avec la paysannerie. Il proclamait que la tâche de la collaboration révolutionnaire de ces deux classes était d’établir une « dictature démocratique » comme le seul moyen de purger radicalement la Russie du bric-à-brac féodal, de créer une couche de petits cultivateurs libres et d’ouvrir la voie au développement du capitalisme, non pas à la manière prussienne, mais américaine.
La victoire de la révolution, écrivait-il, ne peut être accomplie que « par la dictature, parce que la réalisation des réformes qui sont immédiatement et absolument nécessaires au prolétariat et à la paysannerie provoquera une résistance désespérée chez les