« La planète peut se passer des pesticides »
SOUMOIS, FREDERIC
Page 10
Vendredi 28 septembre 2012, LE SOIR.BE
Jean-Marie Pelt démontre comment les pesticides menacent la santé humaine. Mais il dévoile aussi des solutions innovantes pour assurer l’avenir alimentaire de l’humanité.
ENTRETIEN
Vous expliquez que l’utilisation intensive des pesticides est la conséquence étonnante de la… paix, parce que l’industrie de guerre n’a plus de débouchés.
Il est frappant de constater que ce sont les industries d’armement, surtout allemandes, qui fabriquent les nitrates qui font les bombes des deux guerres mondiales, qui les utilisent pour amender les sols et augmenter les rendements. De l’engrais et de l’explosif, c’est à peu près la même chose.
De même, le fameux gaz moutarde employé à Ypres pour la première fois a été testé d’abord sur des insectes.
Il tuait parfaitement les êtres humains. Mais, après la guerre, qu’en faire ? Mais un insecticide, pardi ! C’est comme cela que l’on produit le DDT, puis les organochlorés. A l’époque, on n’imagine pas que cela reste durablement dans l’environnement. Mais un jour, quelqu’un s’avisa que les populations d’oiseaux se réduisaient considérablement. C’étaient les premières victimes de ces produits.
Le principe est simple : en remontant la chaîne alimentaire, ces produits voient leur concentration multipliée par des millions de fois. Or, nous sommes nous, humains, au bout de la chaîne.
Nous mangeons de tout, mais personne ne nous mange. On a transféré la guerre dans le champ et on lutte contre les petites bêtes et les plantes, sans se poser de questions sur les effets sur les humains et la santé. On les a découverts trente ans plus tard.
Aurait-on dû le voir ? Certains produits ne pourraient plus être introduits aujourd’hui sur le marché selon les normes modernes…
Aujourd’hui, on applique en effet des tests préalables à la mise sur le marché qui n’existait pas autrefois. On ne faisait de tests que pour les médicaments.