La matière et l'esprit
La question de la matière et de l’esprit est une question essentielle car ces deux termes s’opposent. On peut concevoir la pensée comme une activité, une faculté, sans soulever le problème de sa possible réalité substantielle. Or, cette réalité est le cœur du problème de la matière et de l’esprit. Le latin donne différents sens à la notion d’esprit, ‘spiritus’ signifie le souffle, le vent, les esprits ou même l’esprit sain. C’est aussi l’ensemble des facultés intellectuelles et psychiques de l’homme. L’esprit définit le principe de la pensée et de la réflexion humaine.
La matière désigne en physique la substance de tous les corps. C’est tout ce qui existe concrètement et visiblement hors de notre esprit, c’est-à-dire ce qui est perçu par nos sens. Les deux caractéristiques dominantes sont le concret, opposé à abstrait et le sensible opposé à intellectuel. Il faut lui en ajouter un autre, plus subtil : la matière est le substrat, la substance qui est susceptible de recevoir une forme. La vie de l’homme semble matérielle par son corps et spirituelle par son âme. D’après Descartes, l’homme est l’union d’une âme et d’un corps. Comment peut on unir ces deux substances ?
Nous verrons tout d’abord le dualisme classique qui oppose les notions de matière et d’esprit, nous étudierons ensuite le point de vue matérialiste qui éclaire le thème de la matière et de l’esprit. Enfin, si d’après Descartes l’homme est l’union d’une âme et d’un corps, de quelle manière l’homme réunit la matière et l’esprit ?
I- UN DUALISME CLASSIQUE
Lorsque Descartes caractérise le corps par l’étendue et l’âme par la pensée, il officialise philosophiquement l’opposition intuitivement perçue entre matière et esprit. Dans la mesure où il considère que l’âme n’est présente, parmi les vivants, que chez l’homme, il en conclut que les animaux ne sont que des "machines", assemblages complexes de roues et de ressorts, et comme tels intégralement