La jarre cassée
Lecture analytique poésie n°2 : « Liberté sur Parole » (La jarre cassée, 1958)
Octavio Paz (1914-1998) : Paz est un poète mexicain du XXe siècle, et l’un des plus grands de la culture latino-américaine. Initié très jeune à la lecture grâce à un aïeul écrivain, il reçoit une très bonne éducation et suit des études en Californie. Il voyagea en Amérique et en Espagne où il participa à la guerre civile, puis rencontre les surréalistes Aragon et Benjamin Peret en France. Engagé contre le fascisme (père conseiller d’un révolutionnaire : Zapata), l’écrivain est amené en tant que diplomate à travailler à Paris où il s’initie à la poésie aux côtés d’André Breton. Il s’intéresse notamment à la question du langage, dans « liberté sur parole » (autre œuvre, le « Labyrinthe de la Solitude, 1950). Il est consacré par un prix Nobel en 1990 pour sa poésie syncrétique et spirituelle.
La jarre cassée est un extrait de « Liberté sur parole », long poème dont la composition est à mi-chemin entre le verset et le vers libre, sans rimes.
I – Une invitation à un voyage poétique
Le voyage, c’est aller vers l’inconnu, et la lecture est un voyage immobile. On retrouve cette volonté de redécouverte dans le poème d’Octavio Paz, où la thématique de l’origine est prégnante – « point de départ » (v.4), « ou commencent les chemins » (v.5), ou encore “désenterrer”, néologisme extrêmement fort qui évoque la retrouvaille et la vie nouvelle d’un élément mort. Son poème est une invitation à sortir des limites habituelles de nos sens pour renouer avec l’origine: il évoque des lieux par des termes génériques comme « intérieur » ou « extérieur » (v.1), « la nuit » (v.2). Octavio Paz semble vouloir rendre atemporelle et universelle la retrouvaille de l’origine qu’il évoque. Le lexique de l’ouverture et de l’espace est omniprésent et contribue à l’invitation lancée à repousser les limites: « extérieur » (v.1), « à la croisée des chemins » (v.4). Les termes qu’Octavio