la guerre de troie n'aura pas lieu
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La guerre de Troie n’aura pas lieu
(Jean Giraudoux)
« Un pacifiste est un homme toujours prêt à faire la guerre pour l’empêcher. »
Le mythe antique, en tant qu’« histoire fondamentale, significative et exemplaire de l’humanité » a inspiré de nombreux auteurs du xxe siècle, tels Jean
Cocteau, qui fait jouer Antigone en 1922, ou Anouilh, qui reprend le même sujet en 1944. En 1935, La guerre de Troie n’aura pas lieu est créé par Louis
Jouvet et sa troupe, et la pièce prend un sens particulier face à l’instabilité de la situation internationale qui laisse présager la seconde guerre mondiale.
Aux yeux de Giraudoux, la guerre de Troie racontée par Homère dans l’Iliade n’est pas, comme il est de tradition, une glorieuse épopée militaire, mais une « catastrophe » dont il s’attache à écrire les préludes. Hélène, épouse du roi grec Ménélas, a été enlevée par le Troyen Pâris. Tandis que les parti sans de la guerre attisent les passions, d’autres essaient d’éviter le conflit, tel
Hector, qui rencontre les Grecs Ulysse et Oiax. Mais ses efforts ne suffisent pas à apaiser les bellicistes. Demokos incite les Troyens à la guerre, et Hector, excédé par ses manières, le tue. Avant de mourir, Demokos accuse Oiax de son meurtre et crie à la vengeance : la guerre de Troie aura donc lieu.
Cette pièce en deux actes et en prose est, de l’aveu de son auteur, une « comédie dramatique » et une « tragédie bourgeoise », mais, en dépit d’un mé lange de propos comiques et grossiers dans une atmosphère parfois féerique, c’est surtout le tragique qui importe, et la mort menace jusqu’à la fin. À cette dynamique conçue pour maintenir l’attention du spectateur s’ajoutent les liens avec l’Antiquité, qui tantôt éclairent le présent de l’entre-deux-guerres, et tantôt l’en distinguent.
Cette fantaisie se justifie par la volonté de Giraudoux de se détacher du mythe. Il souhaite en effet présenter des personnages « mythiques et pittoresques »