maison" forme avec "L'incendie" et "Le métier à tisser" une trilogie algérienne qui commence en 1939. «Grande et vieille, elle était destinée à des locataires qu'un souci majeur d'économie dominait ; après une façade disproportionnée, donnant sur la ruelle, c'était la galerie d'entrée, large et sombre : elle s'enfonçait plus bas que la chaussée, et, faisant un coude qui préservait les femmes de la vue des passants, débouchait ensuite dans une cour à l'antique dont le centre était occupé par un bassin. A l'intérieur, on distinguait des ornements de grande taille sur les murs : des céramiques bleues à fond blanc. Une colonnade de pierre grise supportait, sur un côté de la cour, les larges galeries du premier étage.» Cette maison, Dar Sbitar, dans un quartier ancien de Tlemcen, c'est celle où habite Omar, un petit garçon de dix ans. Le thème de la grande maison est souvent utilisé comme une coupe significative d'une société donnée depuis les romans réalistes du XIXe siècle jusqu'à "La Ruche" de Camilo Jose Cela ou "La Vie. Mode d'emploi" de Georges Perec. Ici, c'est dans le but de montrer l'extrême misère de cette société algérienne et provinciale à travers la famille d'une veuve, Aïni, de ses enfants, Omar et ses deux sœurs, et d'une grand-mère grabataire. L'auteur explore le non-dit et les fissures psychologiques de ce monde clos et sans espoir. Mais à la fin la sirène qui annonce la guerre remue ce petit monde et le sort de sa routine: Omar en oubliera d'aller chercher le pain alors qu'Attyka «une pauvre possédée» prédit la fin du monde dans quarante jours, s'effondre au milieu de la cour: «Le quatorzième siècle! Satan! Satan!» La misère extrême se traduit par l'omniprésence de la faim qui exerce sa dictature sur leur quotidien. Attyka chante aussi «Donnez-moi de l'eau fraîche / Du miel et du pain d'orge» et plus loin Aouïcha et Mériem les deux sœurs d'Omar rêveront de couscous royal. Et quand ce n'est pas la faim c'est la chaleur estivale qui, jour et