La fée d'électricité
« Mettre en valeur le rôle de l'électricité dans la vie nationale et dégager notamment le rôle social de premier plan joué par la lumière électrique », tel était l'objectif de la commande passée à Dufy par la Compagnie parisienne de distribution d'électricité pour être montrée au Pavillon de l'Électricité à l'Exposition Universelle de 1937.
Aidé de son frère et de deux autres assistants, Raoul Dufy réalise, dans un hangar mis à sa disposition de la Centrale électrique de Saint-Ouen1, une peinture aux dimensions monumentales, commencée en avril 1936 et achevée un an plus tard. Le tableau est formé de 250 panneaux en contreplaqué indéformable parqueté sur bois et cintré (afin d'épouser la courbure de la charpente métallique du Pavillon de l'Électricité), mesurant chacun 2 m de hauteur sur 1,20 m de largeur. Il utilise une peinture à l'huile très légère, conçue par le chimiste Jacques Maroger, donnant une illusion de gouache et séchant très rapidement1. Les personnages sont dessinés à l'encre de chine, puis les couleurs sont portées par dessus. Ce tableau, avec ses 624 m2, a longtemps été considéré comme le plus grand tableau du monde, mais il a été détrôné largement par le Bauernkriegspanorama (de) de Werner Tübke (en), tableau réalisé entre 1976 et 1987 et qui totalise 1 722 m2 sur une toile d'un seul tenant.
Les deux-tiers du temps prévu pour l'exécution de la Fée Électricité ont été consacrés à la documentation sur les hommes et les machines.
Les personnages, au nombre de 110[réf. nécessaire], sont répartis en deux foules de savants, d'Aristote à Pierre Curie, dont les travaux sont associés à l'essor de l'électricité. Le motif central représente les Dieux de l'Olympe trônant au-dessus de l'ultra-moderne centrale électrique de Vitry-sur-Seine, dont Raoul Dufy avait rapporté de nombreux documents. Le registre supérieur se déroule à la façon d'un panorama (se lisant de droite à gauche). On peut y voir de