La croix du sud
Avant que l'apartheid ne devienne la politique officielle, l'Afrique du Sud a déjà un lourd passé de ségrégation raciale et de suprématie blanche. En 1910, il est décidé que l'accès au Parlement est réservé aux Blancs et la loi adoptée en 1913 décrète que seulement 13 p. 100 du territoire national peut devenir propriété des Noirs. Beaucoup d'Africains s'opposent à ces restrictions. En 1912, le Congrès national africain (ANC) est fondé dans le but de combattre la politique d'injustice du gouvernement. Dans les années cinquante, après l'officialisation de l'apartheid, l'ANC déclare que « l'Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent, Noirs et Blancs », et commence à travailler à l'abolition de l'apartheid. Après les émeutes de Sharpeville, en mars 1960, le gouvernement interdit l'existence de toute organisation politique noire, dont l'ANC.
De 1960 jusqu'au milieu des années soixante-dix, le gouvernement tente de faire de l'apartheid une politique de « développement séparé ». Les Noirs sont regroupés et expédiés sur des territoires nouvellement créés et appauvris, appelés bantoustans ou homelands, qui sont destinés à devenir des États souverains secondaires. La population blanche garde le contrôle de plus de 80 p. 100 du territoire. La violence grandissante, les grèves, les boycottages et les manifestations organisés par les adversaires de l'apartheid, ainsi que la chute des régimes coloniaux au Mozambique, au Zimbabwe et en Angola, forcent le gouvernement à supprimer certaines restrictions.
Du milieu des années soixante-dix au milieu des années quatre-vingt, le gouvernement entérine une série de réformes qui autorisent l'existence de syndicats noirs et permettent à l'opposition d'avoir une certaine forme d'activité politique. La Constitution de 1984 ouvre le Parlement aux députés asiatiques et métis, mais exclut toujours les Noirs, lesquels représentent 75 p. 100 de la population. Les révoltes urbaines s'intensifient, de même que