La crise malienne
Mali : éviter l'escalade
Africa Report N°18918 juil. 2012
SYNTHESE ET RECOMMANDATIONS
En un peu plus de deux mois, le régime politique malien a été anéanti. Alors que le 17 janvier 2012, une rébellion armée chassait les forces maliennes de la partie septentrionale du pays, le 22 mars, un coup d’Etat déposait le président Amadou Toumani Touré (ATT). Ces deux épisodes ont poussé le Mali dans une crise sans précédent qui menace les équilibres politiques et la sécurité dans la région. Une intervention armée extérieure comporte néanmoins des risques considérables. La communauté internationale doit privilégier le dialogue pour préserver les chances d’une sortie de crise politique. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) doit rééquilibrer ses efforts de médiation pour ne pas aggraver les fractures déjà profondes de la société malienne. Renforcer la crédibilité des institutions de transition pour remettre l’Etat et ses forces de sécurité sur pied est la première des priorités. Enfin, des mesures sécuritaires concertées au niveau régional doivent être prises pour que le Nord-Mali ne devienne pas, sous l’effet d’actions de groupes originellement étrangers, un nouveau front de la guerre contre le terrorisme.
A Bamako, la capitale, le cadre de transition élaboré par la Cedeao en accord avec la junte composée d’officiers subalternes dirigés par le capitaine Amadou Haya Sanogo n’a pas permis de reconstituer un ordre politique incontesté. La junte s’est constitué une base sociale en capitalisant sur la colère d’une frange importante de la population envers le régime d’ATT auquel elle associe le président intérimaire Dioncounda Traoré, qui présidait jusque-là l’Assemblée nationale. Ce dernier a fait l’objet d’une agression physique, qui aurait pu lui être fatale, par les partisans des putschistes dans l’enceinte même du Palais présidentiel le 21 mai 2012. Evacué en France pour des soins, il