La cité nationale de l'histoire de l'immigration
Introduction :
Dans sa conférence intitulée « Qu'est-ce qu'une nation ? » donnée à la Sorbonne en 1882, Ernest Renan définit le concept de nation comme « une âme, un principe spirituel ». Cette âme est constituée de deux choses : l’une est dans le passé, c’est la possession de souvenirs communs, de « riches legs communs » ; l’autre est dans le présent, c’est « la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis ». La condition d’existence d’une nation est donc que ses membres (passés et présents) aient fait de grandes choses, et qu’ils veuillent en faire encore. La nation repose sur le consentement de ses membres. Dès lors, un problème émerge : les étrangers peuvent-ils être intégrés, puisqu’ils n’ont pas les souvenirs en commun avec la population nationale. L’argumentation de Renan qui visait à combattre la xénophobie ne parvient cependant pas à justifier l’intégration des étrangers. Toutefois, Renan propose cette définition de la nation alors même que l'immigration en France n'en est qu'à sa première vague, s'il on s'en tient à ce que retrace Gérard Noiriel dans son ouvrage, Le Creuset français. Rappelons simplement que celui-ci distingue trois grandes périodes d'immigration en France : la première date de la fin du XIXe siècle au cours du « boom » du Second Empire (essentiellement venue des pays limitrophes : Belgique, Espagne, Italie) ; la seconde correspond au années 1920 (élargissement des nationalités avec des migrations russes, polonaises et arméniennes ainsi que celles liées à l'expansion coloniale) ; la troisième enfin se déroule durant les Trente Glorieuses (en majorité une immigration venue du Maghreb, de l'Espagne et du Portugal). La France a donc attiré des flux d’étrangers qui ont été partie intégrante de son développement dans tous les domaines, démographique, économique,