Journal d'une vie
2 juin 1944 : Aujourd'hui, j'ai eu une permission. Je suis allé à Londres avec deux copains. On est allé boire un verre dans un pub. Cela me rappelle les samedis quand j'allais au bar avec mon frère. J'ai parlé avec une Anglaise de ma vie aux Etats-Unis, de ma vie à la ferme, car j'ai laissé ma mère seule avec mon frère pour s'occuper de tous les travaux de la ferme, ce qui n'est pas une mince affaire en cette saison, car il y a le foin à renter et il faut s'occuper de tous les nouveaux nés dans le bétail. Je leurs envoie une partie de ma paie chaque semaine en espérant que cela leurs suffira pour s'en sortir sans moi. Je pense sans cesse à ma famille. Ici les nuits sont longues, je ne dors presque pas, j'ai peur de ce qui pourrait m'arriver dans les jours qui viennent, lorsque je serais au combat.
3 juin 1944 : Nous nous sommes entraînés comme tous les autres jours. Les exigences sont de plus en plus hautes, on est rongé jusqu'à la moelle par cette humidité. Je regrette Toccoa! Ah la Géorgie ! Après les entraînements, nous sommes allés manger, exceptionnellement un repas chaud lorsque le capitaine nous a appelés pour un entrainement d'urgence, je ne sais toujours pas où nous allons sauter. Tout ce que je sais c'est que nous allons être parachutés sur la France. Ah ! ces Allemands, s'ils étaient restés tranquilles? on n'en serait pas là aujourd'hui. Je n'arrête pas de penser à ma mère et à mon frère. Comme ils me manquent, ainsi que les longues randonnées à cheval au milieu de mon bétail. Les miens aussi doivent s'inquiéter pour moi? je leurs envoie des lettres chaque fois que j'en ai l'occasion.
4 juin 1944 : Les entraînements sont arrêtés. Tout cela n'annonce rien de bon, nous allons certainement bientôt devoir intervenir. On reste là à attendre que l'on nous dise de grimper dans les avions. C'est insupportable d'attendre et de savoir que l'on va peut être mourir en sautant, d'autant plus que l'on ne sait toujours pas où l'on