journal de montreal
«Il serait prétentieux de comparer», tranche-t-il.
Reste qu’entre 1979 et 1995, le magazine québécois ne s’est pas contenté que de «mordre» les mollets de nos personnalités publiques et politiques.
Niaiseries
CROC s’est moqué des chanteurs et des vedettes du petit écran, de la religion, du sexe, de l’argent... tout en insultant au passage la ville de Drummondville. Baveuse et insolente, la rédaction jeune et folle du magazine osait ce qu’Hélène Fleury qualifie aujourd’hui de «niaiseries».
«Comme la fois où on a envoyé des cervelles en pot à chacun des députés de l’Assemblée nationale parce que visiblement, ils en manquaient», raconte-t-elle en riant.
Rire
Celle qui a fondé CROC avec Roch Côté et son ex-conjoint Jacques Hurtubise rappelle la seule et unique consigne du magazine: faire rire en disant tout haut ce que tout le monde pense tout bas.
C’est pas parce qu’on rit que c’est drôle, était le slogan du magazine qu’on rit.
À l’époque, les Américains avaient MAD, les Français Pilote, Hara-Kiri, Charlie Hebdo, les Britanniques Punch...
«Les Québécois avaient besoin de rire de ce qui leur est propre, croit Hélène Fleury. Pas de sexisme, pas de racisme, pour le reste on y allait gaiement», se souvient-elle.
L’équipe rédactionnelle flirtait joyeusement avec les frontières de la loi sur la diffamation apprise par cœur. Le rédacteur en chef s’amuse à dire qu’il a l’impression d’avoir «fait son droit» avec CROC.
Menaces
«Je savais jusqu’où on pouvait aller. Si ce que tu affirmes est plausible, c’est grave, tu t’exposes aux poursuites, mais sinon, on y allait», confie Pierre Huet.
En plus de quinze ans, le magazine a reçu des lettres d’injures, des plaintes et des menaces de poursuites, mais jamais les membres de l’équipe n’ont véritablement craint