Je ne sais pas, mais je veux juste consulter un travail
L'écriture de Jean Echenoz a un style qui, sans être incongru dans le paysage littéraire contemporain, reste très particulier. Je m'en vais comporte une intrigue, une histoire ; les caractéristiques habituelles d'un roman sont achevées. Cependant, l'intérêt de sa lecture réside au moins autant dans la « manière d'écrire » de Jean Echenoz que dans les péripéties ou le dénouement. C'est par son style que cet auteur atteint l'objectif d'un romancier : raconter, raconter par la voix d'un narrateur au ton familier, qui rapporte le discours des personnages sans jamais utiliser de guillemets. Ce style oralisant et familier permet au narrateur de s'imposer comme complice du lecteur. L'incipit du roman est un bon exemple de ce style particulier :
« Je m'en vais, dit Ferrer, je te quitte. Je te laisse tout mais je pars2. »
L'objectif de l'auteur est de surprendre le lecteur par une apparente désinvolture dans la forme et, par là, de le charmer « en affectant de le considérer explicitement comme quelqu'un à qui l'on s'adresse ». L'abondance de détails dans un roman paru en 1999, trente ans après Pour un Nouveau Roman, ajoute à cette complicité de fait : le lecteur ne doit-il pas déceler ici un pastiche ou, du moins, un hommage au Nouveau roman des années 1970 (dont beaucoup d'auteurs ont paru chez Minuit)