Jacques villeglé
Jacques Villeglé dans la guérilla des signes
Arts plastiques. Rencontre avec un artiste qui depuis cinquante ans fait de la rue son atelier et prélève sur les murs les affiches lacérés. Son dernier travail porte sur les affiches liées à la musique.
En 1947, il part à la recherche d'une nouvelle expression artistique en amassant les affiches lacérées des palissades urbaines. Aujourd'hui, dans les campagnes d'Aquitaine, avec l'affichage des événements musicaux, il se fait le témoin d'une humanité riche en contradictions.
Jacques Villeglé a fait ses débuts de plasticien en prédateur des plages, collectant les débris du Mur de l'Atlantique dans lesquels il cherche une information. Nous sommes en 1947 et la guerre a fait peser la chape de plomb de la propagande sur toute une jeunesse. Plus tard, en 1949, avec le peintre Raymond Hains, il collectera les affiches lacérées des murs de Paris. C'est après la première biennale des jeunes artistes, où leurs ouvres sont exposées, que le critique d'art Pierre Restany a l'idée de les rassembler, avec d'autres artistes, sous l'étendard du Manifeste du nouveau réalisme. Depuis, il continue de faire parler les murs, décollant affiches politiques, panneaux 3615... L'affichage rural d'événements musicaux et de venues de cirques lui ouvre aujourd'hui, à soixante-treize ans, de nouveaux champs de création. Il expose une centaine d'ouvres récentes au centre d'art du Confort moderne de Poitiers, où il se livre avec Pierre Henry, l'inventeur de la musique concrète, à une Apparition concertée.
Vous aimez citer Chateaubriand, en exergue de vos travaux, lorsqu'il évoque l'intelligence cachée sous la force brutale de la prise de la Bastille. Quelles sont les passerelles vous reliant à ce propos ?
Jacques Villeglé. Il me semble que, par exemple, la thématique des affiches lacérées qui sont exposées en ce moment au Confort moderne est la représentation plastique des sentiments de jeunes ayant choisi la musique amplifiée, la