Dans son texte Alain expose sa thèse dès la première phrase : penser c'est dire non. Dès lors, nous pouvons séparer cette thèse en deux parties: d'un coté « penser » et de l'autre « dire non ». Mais qu'est ce que penser? En philosophie, comme dans la vie ordinaire penser se définit comme un ensemble de phénomènes produit par l'action de l'esprit. Employé dans un sens plus ou moins large, ce terme renvoi tantôt à toute les manifestations de la conscience quelle que soit leur nature, tantôt aux seuls phénomènes de connaissance, par opposition aux sentiments et aux volontés en particulier. Le fait de penser ainsi déterminé, il reste à appréhender la notion de dire non : qu'est ce que cela signifie? Dans un sens général «dire non» c'est nier ou rejeter une proposition ou un rapport. Mais cette expression peut avoir deux sens. Le premier, d'ordre plus courant, serait de servir à exprimer un désaccord, un refus ou bien encore de nier. Tandis que l'autre, d'ordre plus philosophique, s'appuierait sur la capacité humaine à refuser, le fait de se «dire non» à soi-même, de ne pas adhérer à sa propre pensée. De fait, c'est de ce «non» critique permettant de créer sa propre pensée dont parle Alain dans son texte. Ainsi remettre en cause les évidences, faire sans cesse attention à ce que l'on pense, douter de ce qui nous entoure serait-il le moyen d'en assurer la justesse? La pensée est-ce dire non à la pensée? Mais alors le fait d'exercer une activité réfléchie s'identifierait à la capacité d'exprimer sa négativité? Dans ce cas dire oui serait en fait dire non au non? Ou bien douter de tout ce qui m'entoure m'assure d'accéder à une exactitude totale et prouvée ou bien discuter et remettre en cause aboutit au contraire à détruire toute certitude. Dans un premier temps nous allons montrer que la thèse d'Alain paraît véridique, nous allons ensuite nous attarder sur le fait que tout remettre en question poussée jusqu'au scepticisme tend à rendre tout incertain et donc non prouvé