interrogation Yasmina Reza
Alain. Véronique, est-ce qu’on s’intéresse à autre chose qu’à soi-même? On voudrait bien tous croire à une correction possible. Dont on serait l’artisan et qui serait affranchie de notre propre bénéfice. Est-ce que ça existe? Certains hommes traînent, c’est leur manière, d’autres refusent de voir le temps passer, battent le fer, quelle différence? Les hommes s’agitent jusqu’à ce qu’ils soient morts. L’éducation, les malheurs du monde.... Vous écrivez un livre sur le Darfour, bon, je comprends qu’on puisse se dire, tiens, je vais prendre un massacre, il n’y a que ça dans l’histoire, et je vais écrire dessus. On se sauve comme on peut.
Véronique. Je n’écris pas ce livre pour me sauver moi. Vous ne l’avez pas lu, vous ne savez pas ce qu’il y a dedans.
Alain. Peu importe.
Flottement
Véronique. C’est terrible cette odeur de Kouros!.....
Michel. Abominable.
Alain. Vous n’y avez pas été de main morte.
Annette. Pardon.
Véronique. Vous n’y êtes pour rien. C’est moi qui ait pulvérisé névrotiquement.... Et pourquoi ne peut-on être légers, pourquoi faut-il toujours que les choses soient exténuantes?....
Alain. Vous raisonnez trop. Les femmes raisonnent trop.
Annette. Une réponse originale, qui vous déconcerte agréablement je suppose.
Véronique. Je ne sais pas ce que veut dire raisonner trop. Et je ne vois pas à quoi servirait l’existence sans une conception morale du monde.
Michel. Voyez ma vie!
Véronique. Tais-toi! Tais-toi! J’exècre cette connivence minable! Tu me dégoûtes!
Michel.Un peu d’humour s’il te plaît.
Véronique. Je n’ai aucun humour. Je n’ai pas l’intention d’en avoir.
Michel. Moi je dis, le couple, la plus terrible épreuve que Dieu puisse nous infliger.
Annette. Parfait
Michel. Le couple et la vie de famille.
(pp 70,11 – 72,13)
Devoirs:
1. Résumez les idées centrales de ce passage. (30 BE)
2. Analysez les idées développées dans cet extrait et