Le regard que porte la narratrice du texte A sur sa mère fait de cette dernière un personnage fascinant. Comme Colette et en vous inspirant des autres textes du corpus, vous proposerez le portrait d’un être ordinaire qui, sous votre regard, prendra une dimension extraordinaire.

Je me souviens qu’il était courageux, autant que les princes des histoires qu'’il me racontait. C’est ce que pensais alors que je n’avais même pas cinq ans. C’est vrai qu'’il était très fort, il conduisait des camions, des hélicoptères ou tenait plusieurs heures en apnée a la piscine, mais ce que je préférais, c’était ses délicieux pains au chocolat qu'’il faisait pendant que je dormais. Il n’y avait pas à dire, c’était lui le plus fort. Il savait imiter le chat, le chien et même le poisson rouge, parlait anglais et se goinfrait de chocolat avec moi quand maman n’était pas là. J’ai toujours adoré que mon père me lise des histoires et il passait des heures à me les raconter. Parfois même les mots prenaient vie devant nous : un dragon pas très méchant venait frapper à la porte pour demander un peu de compagnie, ou une minuscule fée s’envolait par la fenêtre entrouverte. Je buvais ses mots comme l’eau pure d’une source de couleur cristalline qui pouvait tarir à n’importe quel moment, chaque bruit que sortait de sa bouche éclatait comme un feu d’artifice, je restais ébahi devant tant de magie. Chaque soir, nous nous échappions, et, cette habitude nous a sauvés lorsque maman est partie. Quand il lisait, il me serrait fort contre ses puissants bras puissants et je me souviens vaguement que je fermais les yeux, bercé, protégé du reste du monde.

Le jour, il écrivait. Parfois je me cachais dans le placard de sa chambre pour observer ses doigts taper sur le clavier, l’aimer davantage quand un sourire flottait sur ses lèvres et aller me réfugier dans ses bras lorsqu’il en avait besoin et il ne trouvait pas un mot. Je pensais, naïvement, l’aider en me serrant contre lui. C’est âpres