Inflation
a définition la plus simple de l’inflation est celle d’un « processus de hausse cumulative et auto-entretenue du niveau général des prix ». Elle met l’accent sur l’idée d’un mécanisme mettant en cause des variables multiples, de longue durée, engendrant lui-même les causes de sa permanence et s’exprimant par l’augmentation de la plus grande partie des prix. Ce processus se distingue donc des hausses sectorielles de certains prix, même si elles sont fortes, ou de celles qui, pourtant généralisées à l’ensemble de l’économie, restent sans lendemain, car elles ne mettent pas en œuvre des ajustements provoquant des effets en retour (feed-back ou circuits inflationnistes). L’inflation ainsi définie est-elle une maladie, un bienfait, ou un « mal nécessaire », et comment peut-on l’expliquer ? C’est à ces questions que ce livre va tenter de répondre, en présentant les grands traits de l’évolution des prix aux XIXe et XXe siècles et les principales théories, souvent contradictoires, qui ont inspiré les politiques de lutte contre l’inflation. L’histoire récente des économies française, européenne et américaine fournit d’ailleurs un bon exemple de l’influence des a priori théoriques sur l’orientation de la politique économique, mais aussi des difficultés à mener jusqu’au bout une politique qui privilégie telle ou telle cause (monnaie, demande ou coûts de production) en négligeant les autres. Elle montre aussi les limites des analyses de l’inflation qui oublient d’en saisir les effets sur le fonctionnement d’un système économique, effets qui ne sont pas tous négatifs. On voit d’ailleurs mal pourquoi l’inflation aurait pris ce caractère permanent si tout le monde était perdant ! Avant que l’inflation ne s’accélère dans les années 1970, il était même devenu courant de considérer qu’un taux d’inflation modéré (inférieur à 5 % l’an) était plutôt une bonne chose, puisqu’il était associé à
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INFLATION
ET
DÉSINFLATION
la longue période de