infirmiere
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Polyvalente, encore presque exclusivement exercée par des femmes et incomplètement intégrée à la médecine, la profession d'infirmière pratiquée au Québec a connu une histoire complexe, qui déborde largement les revendications syndicales ou les réformes législatives. Et si la reconnaissance professionnelle est désormais acquise, les avantages qui en découlent généralement ne le sont pas toujours.
Considéré dans une perspective historique, le « virage ambulatoire » amorcé ces dernières années, apparaît comme un retour du balancier. Après un mouvement en faveur de l'institutionnalisation des soins infirmiers dans les années 1930 qui fera quasiment disparaître les services prives d'infirmières, aujourd'hui, près de la moitié des 67 000 infirmières du Québec – dont plus de 30 000 travaillent à temps partiel – exercent leur métier à l'extérieur des hôpitaux 1.
Affectées par des réformes principalement motivées par des impératifs économiques, les infirmières ont néanmoins choisi de participer à la reconstruction du réseau de la santé, ce que l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) appelle le « virage clientèle ». Or, si la terminologie peut sembler nouvelle, l'histoire mouvementée et passionnante des infirmières au Québec témoigne de cette tension constante entre les impératifs professionnels et ceux créées par les liens privilégiés avec les patients. Le rappel, par un récent congrès de l'OIIQ, des pouvoirs réconfortants des infirmières dans « une société en mal de sollicitude » indique bien les priorités mises dans l'aspect humain des soins. En fait, une histoire des soins infirmiers doit avoir pour but d'illustrer les différentes influences qui ont marqué cette profession.
Or, cette histoire, déjà largement défrichée grâce aux préoccupations de la recherche féministe, a déjà produit des résultats et des interprétations fort pertinentes. Certes, elle s'est construite sur de solides bases.