Hugo Argu Cor
Pour accentuer le débat entre sa propre thèse et une thèse adverse qu'il veut combattre, un auteur peut créer dans son argumentation un dialogue fictif, où il donne la parole sous des formes diverses à la thèse adverse. Il coupe ainsi court à toutes les objections possibles et surtout il peut mieux construire sa réfutation de façon plus systématique et plus vivante
Hugo partisan de la suppression de la peine de mort crée un dialogue fictif, repérable par l'emploi des tirets (sans passage à la ligne) avec ceux qui sont pour l'application de cette peine. Il les met en demeure de s’expliquer dès le début par la formule Voyons qu’ils donnent leurs raisons .Le texte devient un procès en quelque sorte de l’adversaire.
Analyse de l’énonciation
Hugo prend soin de souligner cette distance dans le jeu de l'énonciation
Le camp adverse est désigné d’abord par la 3ème personne ILS – CEUX QUI, plus loin par ON : qu'ils donnent leurs raisons ceux qui....reprend-on, mais Hugo passe ensuite assez rapidement au VOUS, à l’interpellation directe. L’identité de l’adversaire est claire : il s’agit de la Justice française « ceux qui jugent et qui condamnent » ; le rapprochement des deux verbes est déjà une condamnation d’une justice qui ne sait que condamner.
Implication de l’auteur : utilisation d’un nous soit oratoire représentant l’auteur (à l’heure où nous écrivons) soit collectif qui représenterait le parti des abolitionnistes (Hugo ne serait pas seul) : nous la comprenons et nous y adhérons. l’auteur apparaît aussi dans les interpellations, les vous, les questions oratoires…
Mais la thèse personnelle est énoncée plutôt grâce à des phrases – sentences, courtes, péremptoires, qui apparaissent comme des vérités indiscutables, incontestables, faciles à mémoriser pour le lecteur :
- pas de bourreau où le geôlier suffit – Se venger est de l'individu, punir est de Dieu - Elle ne doit pas " punir pour se venger "; elle doit corriger pour améliorer.
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