Homère odysée
J'aperçois ensuite les âmes d'Achille, fils de Pelée, de Patrocle, de l'irréprochable Antiloque et d'Ajax, d'Ajax qui, par sa taille et sa beauté, l'emportait sur tous les Danaens, excepté sur l'illustre fils de Pelée. L'âme d'Eacide à la course légère me reconnaît aussitôt et m'adresse, en soupirant, ces rapides paroles :
473.« Divin fils de Laërte, téméraire Ulysse, quel dessein plus grand encore que tous ceux que tu as déjà conçus médites-tu donc en ton âme? Comment as-tu osé descendre dans ces ténébreuses demeures habitées par les ombres insaisissables, par les images des hommes qui ne sont plus ? »
477 Je m'empresse de lui répondre par ces mots : « Achille, fils de Pelée, toi le plus illustre d'entre les Achéens, je suis venu consulter Tirésias en ces lieux, afin qu'il me dise comment je pourrai retourner à Ithaque. Je n'ai point encore revu l'Achaïe ni touché aux terres paternelles, mais j'erre toujours sur les mers et je souffre mille douleurs. Noble Achille, nul homme n'a jamais été ni ne sera jamais plus heureux que toi. Durant ta vie nous t'honorions comme un immortel ; et maintenant que tu as cessé d'exister, tu règnes en ces lieux sur les âmes des morts. Noble Achille, ne t'afflige point d'être descendu dans les sombres demeures ! »
487 » Il me répond aussitôt : « Illustre fils de Laërte, ne cherche point à me consoler du trépas ! J'aimerais mieux, simple cultivateur, servir sous, un homme pauvre qui ne posséderait qu'un faible bien, que de régner sur toutes ces ombres ! — Mais parle-moi maintenant de mon vaillant fils, et apprends-moi s'il s'est montré dans les combats aux premiers rangs des guerriers. Dis-moi si tu as entendu parler du vénérable Pelée ; dis-moi si ce héros gouverne encore avec honneur les nombreux Thessaliens, ou bien s'il est méprisé dans Hélas et dans Phthie parce que la vieillesse a affaibli ses membres. Je ne suis plus sur la terre pour le défendre comme autrefois lorsque