Histoire
Composée lors de ce désastre, la chanson de Craonne témoigne de la lassitude des soldats face à des offensives inutiles et particulièrement coûteuses en vie humaine. Elle obtient un tel succès parmi les soldats qu'elle fut interdite par le haut-commandement (elle le restera jusque dans les années 1970). Une prime importante et le retour à la vie civile aurait été offert à celui qui en dénoncerait l'auteur. Jamais trahi, ce dernier est resté anonyme.
Eclairage MédiaPubliée sous le titre de "Chanson de Lorette" par l'écrivain et militant communiste Paul Vaillant-Couturier, mais surtout connue sous le nom de "Chanson de Craonne", cette chanson engagée composée lors des combats de 1917 au Chemin des Dames sera reprise très souvent sous la forme d'une valse musette, populaire et typiquement francaise avec l'accompagnement de l'accordéon. Il semblerait qu'elle eut différentes versions à partir de 1915, faisant à chaque fois référence à des combats meurtriers (Artois, Verdun). Mais c'est la version composée en avril 1917, au lendemain des terribles combats sur le plateau de Craonne, qui s'imposera et restera la plus connue. Celle-ci témoigne de la lassitude des soldats face à des offensives inutiles et particulièrement coûteuses en vie humaine. Elle obtient un tel succès parmi les soldats qu'elle fut interdite par le haut-commandement (elle le restera jusque dans les années 1970). Cette chanson dénonce les méfaits de la guerre, et évoque la lassitude des soldats et leurs rancune envers l'arrière. Nous nous demanderons ici dans quels mesure la chanson de Craonne a t-elle contribué à remettre en cause la logique de guerre.
Le texte permet d'aborder plusieurs aspects. Il contient tout d'abord des allusions au quotidien des tranchées, avec notamment ce moment crucial, tant attendu pour les uns et tant redouté pour les autres, qu'est la relève. L'adieu aux siens est particulièrement difficile et la montée au front ne se fait qu'avec résignation ("on s'en va là haut