Histoire De La Vie Politique Partie 2 Chapitre 3
Si la démocratisation de la vie politique est limitée, la monopolisation du pouvoir par une minorité de professionnels l’est tout autant : d’une part, la différenciation des activités politiques ne se fait pas sans réaction ni résistance du côté des groupes et organisations que les professionnels de la politique cherchent à exclure du champ politique ; d’autre part, la démocratisation de la vie politique provoque la mobilisation de nombreux acteurs – les Ligues de droite, l’Eglise, les intellectuels, les juristes, et de plus en plus aujourd’hui les journalistes – qui opposent chacun à leur manière les « lumières » de leur « compétence » ou encore leur autorité « morale » à « la force du nombre ». Considérant que le suffrage universel n’est pas le fondement exclusif ni même supérieur de l’autorité symbolique, ces groupes s’érigent alors en porte paroles de l’opinion publique concurremment aux professionnels de la politique. De sorte que si ces derniers parviennent à imposer durablement certaines règles, le fonctionnement interne du champ politique – y compris son contrôle – leur échappe finalement pour partie. Bien plus, ces mobilisations s’accompagnent de nombreux discours sur la « crise de la représentation » qui discréditent les professionnels de la politique au profit des forces centripètes qui les véhiculent. C’est cette tension inhérente à la vie politique – entre forces centrifuges et centripètes, entre l’institution parlementaire et les autres, entre le « nombre », la « compétence » (ou depuis peu la « proximité ») – que décrivent les chapitres suivants au travers des multiples luttes indissociablement sociales et politiques, parfois religieuses, qu’engendre la construction du champ politique.
Chapitre 3 – La subversion du mouvement ouvrier
La question sociale n’a longtemps pas était traitée. Il faut savoir que les partisans de la