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Entre les hommes, quelle différence ?
On ne nous demande pas de réfléchir sur la diversité des différences qui existe entre les hommes, mais sur une différence commune. D’emblée la question est surprenante tant nous sommes accoutumés à rattacher le concept de différence à la catégorie de la diversité. La différence est une notion qui d’ordinaire constitue à elle seule la base de toute problématique et elle devient non pas ce qui est à définir mais ce que l’on devrait pouvoir supprimer afin de subsumer la diversité sous l’unité d’une catégorie.
Mais la difficulté est double ; elle ne se résume pas en effet à la seule déclinaison au singulier du concept de différence. Il faut ajouter qu’on ne nous demande pas non plus de réfléchir sur une différence caractéristique, ni même spécifique, ni même essentielle entre l’homme et les autres êtres, mais sur une différence – dont la qualité reste à définir – entre les hommes, c'est-à-dire au sein d’une même espèce.
Or ainsi posée cette question est si provocante qu’il paraît difficile d’en assumer la pertinence sans préalablement situer clairement ce qui fait, justement, la singularité du champ épistémique que l’on appelle couramment les sciences humaines.
Nous verrons qu’en fait cette question a son sens en elle-même, c'est-à-dire par l’objet même qu’elle propose d’étudier : l’homme. En effet l’étude de l’homme implique nécessairement une forme d’herméneutique, puisqu’il est à la fois sujet et objet de l’étude. Par conséquent s’impose dans ce domaine une distinction entre unité et identité. L’unité, au contraire de l’identité, contient la différence en elle-même et, même, nous pouvons dire qu’elle en vit : la communauté perd systématiquement toute unité, toute forme de cohésion, dès lors qu’elle supprime les différences. Aussi, entre les hommes, il y a cette capacité à se différencier, il y a quelque chose comme la différence comprise en elle-même et non pas supprimée au profit de l’identité.