Générique tous les matins du monde
Le film d'Alain Corneau, Tous les matins du monde, est l'adaptation cinématographique du livre de Pascal Quignard, tous deux réalisés en 1991. L'adaptation de l'œuvre textuelle a été faite dans le cadre d'une collaboration commune entre l'écrivain et le réalisateur. Le générique, bien qu'étant une scène ajoutée par rapport au livre, est révélateur de la personnalité de Marin Marais, il permet de comprendre a priori le dénouement. Aussi, en quoi le générique est-il représentatif du roman de Pascal Quignard et du film en lui-même? D'abord met-il en lumière et d'un point de vue différent le personnage de Marin Marais, en le montrant vieilli, irrité par la musique jouée et rythmée. Ensuite le générique est annonciateur de l'échec de cette ascension sociale : la pénombre, l'incapacité à retrouver les notes, les élèves en difficulté.
I] Le changement de point de vue
a) Portrait terne de Marin Marais
La scène en question prend fin à l'aube du portrait fait sur Sainte Colombe, le janséniste. Elle a été rajoutée par rapport au roman et incluse dans une séquence initiale où, Marin Marais, qui « fait sa leçon », décrit – avec une grande fidélité à l'œuvre quignardienne – la vie des Sainte Colombe et notamment celle de son maitre. Le générique, sur un plan fixe, met en lumière le visage vieilli de l'acteur Gérard Depardieu, il porte une perruque, son maquillage est grossier et abîmé. Plus visible encore est son attitude : somnolant, affalé sur son siège ; Marais est ici l'image de l'homme de cour déchu, perdu. Outre ce visage égaré, la musique : sont audibles trois notes constamment répétées, martelées par le bâton du maitre violiste, celui d'un personnage hors cadre. Cette musique semble être une sonnerie d'église – un carillon -.
b) L'importance de la musique
Alors, Marin Marais prend la parole. Il « fait sa leçon », quémande une viole, avoue son imposture. La voix de l'acteur, féminine, feutrée, tranche avec le texte quignardien, plutôt syncopé,