Génie du christianisme
Publié en 1802, le Génie du christianisme remporte un grand succès. Dans cet essai, François-René de Chateaubriand s’interroge sur le rôle de la religion. Il y rappelle aussi le souvenir de son voyage en Amérique et de la découverte des chutes du Niagara.
Dans l’extrait que nous étudions, nous pouvons nous demander comment, grâce à l’usage d’une prose poétique Chateaubriand parvient à rendre la beauté d’un paysage romantique. Nous verrons dans une première partie que ce passage est une description en prose poétique et nous étudierons dans une seconde l’originalité de cette description à la sensibilité romantique.
I/1) une description
Il s’agit donc d’une description. Nous avons la présence d’un narrateur qui surplombe le paysage : « la rivière qui coulait à mes pieds ». La mention de la source de lumière introduit le champ lexical de la vision : « le jour bleuâtre et velouté de la lune ». Enfin le personnage-narrateur décrit lui-même ce paysage comme « une scène » et un « tableau ». La vision procède de haut en bas. Il a commencé par décrire le ciel puis se fixe sur la terre : « la scène sur la terre n’était pas moins ravissante ». Des phénomènes d’écho se produisent tant sur la forme avec la répétition de « tour à tour » que sur le fond avec l’idée d’une rivière qui disparaît puis revient dans le paysage ainsi que l’évocation de la lumière qui se « répète ».
2) la beauté du paysage
L’accent est mis sur la beauté du paysage et surtout sur la lumière qui le baigne. L’emploi d’un adjectif mélioratif dans le premier paragraphe de description et d’un superlatif dans le second paragraphe de commentaire mettent en avant la beauté extraordinaire du spectacle : « pas moins ravissante », « les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée. »
La prose de Chateaubriand fait appel aux sens de la vue, de l’ouïe et du toucher. La vue est présente à travers le champ lexical de la lumière : « jour bleuâtre, gerbes de lumière, brillante des