La scène débute dans le salon de Madame de Grandlieu, en conversation avec un ami de la famille, l’avoué Maître Derville. L'avoué entend, pendant la conversation de Mme de Grandlieu avec sa fille Camille, que celle-ci est amoureuse du jeune Ernest de Restaud, fils d'Anastasie de Restaud, née Goriot. Mme de Grandlieu désapprouve cet amour : la mère d’Ernest est dépensière, enlisée dans une relation illégitime avec Maxime de Trailles, pour lequel elle gaspille sa fortune. Derville intervient en faveur de Camille : il démontre qu’Ernest s’est vu attribuer depuis peu l’intégralité de l’héritage familial. Ce récit, qui constitue une mise en abîme d’un type humain du monde balzacien, met en lumière les personnages de Jean-Esther van Gobseck, usurier, et de Maître Derville, avocat en début de carrière. Ces deux personnages, qui jouent un rôle essentiel dans ce roman, reparaissent dans l’ensemble de la Comédie humaine, soit sous forme d’évocation : Gobseck, soit en personne : Maître Derville, que l’on retrouve dans Le Colonel Chabert, Splendeurs et misères des courtisanes et dans de nombreux autres volumes de La Comédie humaine. Il fait partie, dans les personnages de la Comédie humaine, des Gens de robe honnêtes.
L’organisation de cette œuvre est trompeuse : si la trame de l’histoire est bel et bien celle du mariage de Camille, Balzac s’attache avant tout à dépeindre, en véritable « visionnaire passionné » (Baudelaire, L’Art poétique), la vie d’un type méconnu : celui de l’usurier. Et quel usurier ! Car bien sûr, en peignant un tel personnage, Balzac se fait critique de l'avarice, comme on le voit à la fin du roman, avec des myriades de denrées entassés çà et là.
Mais ce n'est pas tant l'avarice que Balzac critique ici, et c'est l'ensemble de la société qui est visée. Nous sommes lors de la Restauration française (au moment de l'histoire, vers 1829), et les nobles reprennent leur place, enviée de tous. Malheureusement, la noblesse ne s'acquiert pas si facilement. Du