Gide "sile grain ne meurt"
D’
André Gide
L’œuvre autobiographique Si le grain ne meurt est formellement basée sur une mise en scène d’un « je ». Sans remettre totalement en question le genre autobiographique dit classique, André Gide en utilise certains aspects pour construire son récit qu’il veut dramatique. Le lecteur est alors confronté à un récit autobiographique qu’il peine à dissocier d’un simple récit narratif, difficultés engendrées par les stratégies auxquelles recourt André Gide. La dualité du « je » narré et du « je » narrant ainsi que l’utilisation qu’en fait son auteur appartiennent clairement à ses stratégies narrative. Ce double « je » est donc présent tout au long du texte, mais existe de manière plus relevante à trois instants clés du récit soit les deux pactes autobiographiques et le passage de la première à la seconde partie. Ces apparitions bien définies ne sont en effet pas laissées au hasard. Ce travail consistera en une approche précise de la dualité du « je » qui rythme le récit et qui complique la lecture d’une telle œuvre.
Durant tout le récit, le « je » se réfère à André Gide. Le point de vue n’est cependant pas toujours identique. En effet, une trentaine d’années séparent le moment où se déroulent les événements et l’instant de narration. L’homme et l’écrivain changent de masque avec une rapidité étonnante :
J’aime le jeu, l’inconnu, l’aventure: j’aime à n’être pas où l’on me croit (…). Il m’importe avant tout de pouvoir penser librement.
Certaines intrusions d’éléments fictionnels sont repérables grâce à la voix narrative. À certains moments, l’écriture semble rejoindre l’événement décrit. Cette sensation ressort principalement de l’utilisation du présent qui met au même niveau les deux instants, pourtant séparés de trente ans. Cela donne une impression de sincérité totale envers le lecteur. Le lien de sincérité entre l’auteur et le lecteur prend également en compte l’horizon